Attention à la tularémie mon lapin !
Après un cas de tularémie relevé chez un lièvre mort à Bouelle, en Pays de Bray, il est nécessaire de savoir à quoi correspond cette maladie afin d'être prudent quand on se promène en forêt.
Cette maladie, due à une bactérie (Francisella tularensis), se transmet à l'homme par l'intermédiaire des lièvres. Plusieurs départements français sont touchés : l'incidence de la tularémie en France est de 50 cas environ par an. La bactérie pénètre dans l'organisme en traversant la peau, ou plus rarement par voie conjonctivale. La simple manipulation d'un lièvre malade ou de son cadavre suffit pour la contamination. Deux enfants ont présenté une tularémie pulmonaire aux Etats-Unis après avoir passé une tondeuse à gazon sur un cadavre de lièvre dissimulé dans la pelouse. La transmission indirecte par piqûre de tiques ou de moustiques est également possible. On a mis en cause d'autres vecteurs, en particulier des petits rongeurs et des carnivores familiers. L'incubation chez l'enfant est de 3 à 5 jours. La phase d'invasion est marquée par une fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires et une grande fatigue. La localisation des ganglions permet de décrire plusieurs formes cliniques : ulcéroganglionnaire, ganglionnaire isolée, pharyngoganglionnaire, oculoganglionnaire et forme disséminée. Le traitement repose sur les antibiotiques (aminosides, tétracyclines, chloramphénicol). Un vaccin peut être proposé aux sujets exposés.
Une bactérie
La tularémie est due à une bactérie : Francisella tularensis, dont il existe trois sous-espèces. Seule, Francisella tularensis sous-espèce holartica, est naturellement présente en Europe et en France. Elle est à l’origine d’une pathologie beaucoup moins grave que la sous-espèce tularensis rencontrée en Amérique du Nord et dans les Etats du sud de la Russie. La troisième sous-espèce mediasiatica peu pathogène, est rencontrée en Asie Centrale et dans une partie de la Russie. Cet agent est très résistant au froid et notamment à la congélation.
Les vecteurs de contamination
Il est représenté en France métropolitaine principalement par des petits mammifères comme les rongeurs (campagnols, mulots, écureuils, rats musqués…) et les lagomorphes (lièvres…) qui sont des espèces sensibles à la maladie. Mais d’autres mammifères peuvent être des vecteurs non sensibles comme le sanglier, le chat, le chien et le renard, ainsi que des vecteurs insectes et arthropodes, piqueurs, suceurs.
En effet, les tiques, les moustiques et les taons sont également des vecteurs de la maladie. De plus, l'eau et le sol peuvent être contaminés longtemps par les déjections et les cadavres des animaux infectés.
Mode de contamination
La contamination directe peut s’effectuer par voie cutanée même en l’absence de plaie à travers la peau saine (manipulation par des chasseurs de lièvres infectés, simple contact…), par voie respiratoire, digestive ou conjonctivale. Par ailleurs, la contamination indirecte est possible par piqûres de tiques, de moustiques ou de taons, lors de randonnées pédestres en forêt, dans les taillis, les zones en jachère ou dans des régions bocagères.
Enfin, la consommation d'eau contaminée et de viandes insuffisamment cuites provenant d'animaux infectés sont des voies de contamination possible, au même titre que l’inhalation d’aérosols produits par des poussières de fourrage ou de céréales souillées par des cadavres et déjections de rongeurs, lors de tontes de gazon ou à l'occasion de changements de litières…
Où
En France, la répartition de la tularémie est diffuse. La maladie semble être sporadique sur l’ensemble du territoire mais des cas surviennent plus fréquemment dans le Nord-Est, le Centre et le Sud-Ouest. Elle est plus rare en Bretagne, dans les Landes et dans les départements méditerranéens. Comment la tularémie se déclare ?
La maladie débute brutalement après 3 à 15 jours d’incubation par une forte fièvre, des frissons, une grande fatigue, d’éventuels troubles articulaires et musculaires, des céphalées et parfois des nausées et vomissements. Par la suite, les formes cliniques dépendent essentiellement de la porte d'entrée de l’agent causal : ganglions satellites pouvant s « ‘’abcéder » ou se « fistuliser » dans la forme séro-ganglionnaire, conjonctivite dans la forme oculaire, toux sèche pouvant évoluer jusqu’à une détresse respiratoire dans la forme pleuro-pulmonaire, douleurs abdominales et diarrhées dans la forme digestive, et enfin fièvre, céphalées, malaise, vomissements, pouvant aller jusqu’au choc septique avec coma dans la forme septicémique.
Le diagnostic
Le diagnostic clinique de la tularémie peut être confirmé par des examens de laboratoire, en particulier par la mise en culture, l’amplification génique (PCR) et le sérodiagnostic.
Tout contact avec un animal malade ou suspect ainsi que toute morsure de tique doivent être signalés à son médecin traitant.
Traitement
Un traitement antibiotique peut être prescrit en cas de suspicion après contact avec un animal infecté ou piqûres de tiques. Mais le traitement curatif spécifique doit intervenir le plus rapidement possible après établissement du diagnostic pour éviter l’abcédation des ganglions. En cas de fistulisation du ganglion, un traitement chirurgical est associé au traitement antibiotique.
Prévention
Dans les zones d’endémie, il faut éviter de toucher aux cadavres d’animaux morts en particulier les lièvres et les rongeurs, et de boire de l’eau à faible courant ou de l’eau stagnante. Il est également recommandé de ne pas se coucher à même la paille ou le foin sans protection vestimentaire, et d’éviter dans la mesure du possible d’inhaler leurs poussières. Il est également conseillé aussi bien pour les chasseurs, que pour les randonneurs de porter des vêtements amples et longs, resserrés aux extrémités (poignets, chevilles) et à la taille, pour éviter les piqûres d’insectes. Contre les insectes piqueurs, l’usage de répulsifs peut être utile mais ne garantit jamais une protection totale.
Soyez prudent quand vous vous promenez en forêt. Si un lièvre se laisse approcher, dites vous bien que c'est louche et qu'il doit être malade. Le lièvre est sauvage et ne se laisse pas approcher habituellement. Ne prenez pas de risques inutiles et bonne balade.