Dieppe : Exposition
La Villa Perrotte
a ré-ouvert ses portes,
le vendredi 13 septembre 2013.
Annie Ouvry, maitresse des lieux a dévoilé la plaque « Monument Historique », apposée sur la façade de la Villa.
Le vernissage d'une très belle, poétique et inédite exposition des photographes SIska et Emmanuel Lardinois, deux artistes explorant les lieux cachés, paysages urbains, industriels ou patrimoine rural, difficiles d'accès, abimés par le temps qui passe, pour nous en montrer la poignante beauté. Une poésie des lieux oubliés qui nous ramène inexorablement à notre "éphémérité"...
Siska nous parle
Enseignante, j'ai découvert la photographie sur le tard, il y a 7 ou 8 ans. Même si les friches et endroits abandonnés m'ont toujours attirée (je garde des souvenirs bien gravés des "explorations" de jeunesse dans les maisons abandonnées), ce n'est que depuis quelques années que je les photographie, et depuis, les présente en exposition.
2012 : exposition de bâches photographiques dans le bois de la Garenne pour le festival Vivacité à Sotteville les Rouen, exposition à la Péniche d'Elbeuf, au théâtre concert de l'Almendra à Rouen.
2013 : exposition en février de 90 clichés à l'espace culturel Georges Déziré de Saint Etienne du Rouvray, exposition en mai à HélioService, imprimeur, à Mont-Saint-Aignan (avec 4 autres jeunes photographes, dont Emmanuel Lardinois, avec qui j’expose à la Villa Perrotte).
J'aime aussi photographier les artistes que j’apprécie, notamment ceux de la scène rouennaise, participer avec les photos aux livrets des CD par exemple. En décembre, avec l'artiste Lady Arlette (chanteuse rock), nous publierons un livre, qui est une autobiophotographie (c'est un néologisme) de sa robe de scène. Le principe est de photographier la robe dans divers lieux à l'abandon, pour illustrer le récit écrit par Annabelle Cavallin (Lady Arlette).
Démarche photographique :
J'aime apporter un traitement à mes photographies, je les retouche pratiquement systématiquement. Mon objectif n'est pas de représenter ce que je vois le plus "fidèlement" possible, j'aime apporter ma touche personnelle. Le résultat présente un monde abandonné, onirique, un peu irréel, mais qui existe réellement à la base. Il n'y a pas de montage, que des traitements.
Mes objectifs :
- garder la mémoire de lieux tombés dans l'oubli ou sur le point d'être transformés, réhabilités, ou rasés.
- susciter l'imaginaire de la personne qui regarde une photo. Elles racontent souvent des histoires, à nous d'en inventer la teneur qui nous convient. J'aime particulièrement les endroits où la nature redevient maîtresse des lieux et se mêle aux constructions humaines.
- partager la vision de ce patrimoine, de ces lieux construits, utilisés, puis abandonnés par les hommes, lieux qui sont souvent empreints d'une beauté qui saute aux yeux, ou plus discrète, et que l'on va s'attacher à dénicher. Ils ont aussi une histoire, parfois on a l'impression qu'ils pourraient nous parler des heures de ce qu'ils ont vécu. A l'ère du jetable ou de l'éphémère, nous sommes entourés de magnifiques choses, lieux ou objets, que l'on aimerait voir préserver, alors qu'au contraire ils sont plutôt perçus comme des verrues, des indésirables. Il n'est pas possible de tout garder c'est évident, ou restaurer, certains lieux ou objets "meurent", mais d'autres trouvent parfois un nouveau souffle.
J'avoue être plus touchée par la dimension humaine (traces laissées par l'homme, vécu), architecturale et esthétique, que par la dimension écologique des choses.
A la Villa Perrotte : présentation de 12 photos (6 au format 30X40 et 6 au format 50X70), ainsi que de bâches photographiques dans le jardin.
Emmanuel Lardinois
Emmanuel Lardinois est né en 1979 en Normandie. Photographe autodidacte, il a commencé la photo en 2006. L’archéologie urbaine est vite devenu son thème de prédilection avec comme terrain d’exploration les vestiges industriels, anciens entrepôts de stockage, interstices urbains et autres ruines contemporaines. Les images présentées sont le résultat de la visite de ces espaces déstructurés.
Le terme de «friche», souvent connoté de façon péjorative, est considéré comme lieu de peur, de transgression, d’exclusion, dont la vision véhicule la crise, le chômage, le déclin et la décadence de notre société. La découverte de ces lieux passe par un processus de recherche historique, un travail de documentation relatif à ces bâtiments, mais aussi par l’observation de la ville, son urbanisme, son architecture et ses coquilles vides. L’accession à ces bâtiments nous plonge dans un autre monde où la vie s’est arrêtée et où le silence règne alors qu’à une autre époque ces lieux ont été actifs, animés, prospères, des gens y ont travaillé et vécu. Malgré cela, les lieux croupissent dans l’oubli. Il en ressort une poésie post-apocalyptique dans ces lieux abandonnés mais aussi une imagerie proche de la science-fiction.
La démarche de ces explorations est double :
- Une volonté de témoignage de l’histoire passée et de ses réminiscences présentes dans ces lieux chargés d’histoire et donc conserver une trace de ces bâtiments oubliés et menacés de disparition.
- La recherche d’un esthétisme avec un travail sur la lumière, les reflets ainsi que la représentation d’éléments marqués par l’abandon, l’effet de la nature et du temps comme la rouille, la fragilité d’une architecture, les textures des matières en décomposition.
Son intention est d’apporter une autre vision sur ces espaces délaissés pour ainsi les sublimer et leur redonner vie par le biais de la photographie.
Cette exposition est visible jusqu'au dimanche 6 octobre inclus, les jeudis / dimanche de 15 h à 18 h, vendredi / samedi 15 h à 19 h.